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MC Jaume
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22 janvier 2006

Vote "électronique"

De passage dans un bureau de vote Altoséquanais ce matin, cette réflexion du président : "Pour les scrutateurs, c'est la dernière fois, à la prochaine, ce sera un vote électronique". Scrutateur régulier depuis quelques années, je ne puis m'empêcher de faire la moue quant à ce "progrès".

En effet, quel est le gain réel de la "machine à voter" (à recueillir le suffrage serait plus exact). Une compilation plus rapide des résultats et ainsi, pour les chaînes télé, un gain en densité d'information par la disparition des annonces égrennées des heures durant...

Mais quel est le gain pour le processus démocratique ?

Actuellement, le procédé, pour ringard qu'il puisse paraître, répond efficacement au double objectif de transparence du processus électoral et d'anonymat du vote.

Transparence du processus, car tout est fait pour que chaque instant de l'élection soit lisible, observable : du moment où un électeur prend les bulletins jusqu'au traitement de ce bulletin lors du dépouillement, il n'est aucune action qui ne soit observable. Bien sur, on peut toujours bidouiller des procurations pour détourner le vote des pensionnaires grabataires d'une maison de retraite, mais la présence d'un observateur scrupuleux dans le bureau en question peut suffire à faire jaillir le soupçon, en tous cas compliquer la tâche du fraudeur. Ensuite, il est difficile de bourrer les urnes comme ce fut fait dans le temps.

Anonymat du vote, ensuite. Le processus permet de s'assurer de l'identité de l'électeur mais garantit raisonnablement l'anonymat de son vote (les paranoïaques peuvent mettre des gants pour ne pas laisser d'empreinte sur le bulletin...).

Quid de ces deux points lors du vote électronique ?

Une fois le choix fait sur la machine, celui-ci se perd dans les algorithmes de traitement. Qui peut les observer ? Si chaque citoyen peut demeurer dans le bureau jusqu'au dépouillement, aucun n'a la possibilité de savoir ce qui se passe à l'intérieur du système d'information électoral. De quelles garanties de fiabilité disposons nous quant à l'exactitude de celui-ci ? N'importe quel utilisateur d'ordinateur tient un boisseau d'incongruités calculationnelles à disposition : par quel miracle ce système-là serait-il exempt du moindre bug ?

Ensuite, de quelle garantie disposons-nous quant à l'anonymat du vote ? Je ne serais guère surpris que dans la mémoire de chaque machine les votes soient enregistrés quelque part, au milieu d'un fatras d'autres informations de maintenance, le tout muni d'une estampille temporelle pour faciliter l'investigation des dysfonctionnements...

Alors, que gagne la démocratie au vote électronique ? Une apparence de modernité ?
Permettez-moi de rire.
Jaune.

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MC Jaume
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