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MC Jaume
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24 janvier 2006

Comment dire "je t'aime"...

Comment dire "Je t'aime" sans se compromettre est le thème Coïtus Impromptus de la semaine. Voici mon avis sur la question, ou plutôt, ma variation sur ce thème.

Il y a de la magie dans ces instants-là. On se traîne dans l’appartement, l’esprit embrouillé par une foultitude de préoccupations terre-à-terre, bassement logistiques ou trivialement alimentaires comme, par exemple, la stratégie à élaborer pour, parvenu à la fin de la journée de travail, n’avoir donné à son manager aucune raison d’être remplacé par quelqu’un de plus jeune et moins bien payé. Ou de plus mal payé, c’est selon.

Ainsi donc, l’esprit confus, perturbé par les nouvelles de la nuit matraquées sans fin par une radio d’information continue – trois attentats, deux catastrophes, un meutre et les douzièmes vœux du Président de la République, on se résigne à la nécessité du choix et de la mise en place de sa tenue vestimentaire pour le jour. On réfléchit aux interlocuteurs prévus et au personnage que l’on devra se composer, et partant, au déguisement ad hoc.

On s’avance donc dans le couloir qui mène à la chambre : un rai de lumière par la porte entrebâillée de la salle d’eau. On y jette un regard machinal, peut être parce qu’on se demande si on ne l’a pas soi-même laissée indûment éclairée, au préjudice de son bilan énergétique et de la santé du climat, pour s’assurer qu’elle est bien occupée.

Elle l’est.                                                          

Dans la confusion matutinale, on en aurait presque oublié le sens du mot « couple ». Un second homo sapiens, de sexe féminin, est là, nu devant la douche. On la connaît par cœur, après des lustres de cohabitation. Par la mince ouverture de la porte, on voit le miroir de la salle d’eau, et dans le miroir l’ondulation d’un flanc, d’une hanche, d’une cuisse, une épaule et un tronçon de bras. La vision ne dure qu’un infime laps de temps, tout juste suffisant pour que l’œil la retienne. Et cette vision suffit à ramener à la vie. On se souvient alors de cette succession de choix qui nous a amené là, dans cet appartement, cette ville, cette vie. On se souvient des jours passés et on en sourit. Une pulsion de vie renaît, croît d’un coup et explose, bousculant tout sur son passage, balayant des vœux du Président au management par la terreur, comme une évidence. Tout le sens de la vie tient là, dans cette émotion, cette joie qui envahit, submerge, cette certitude mystique dont elle est l’essence.

Qui donc à jugé pertinent de prétendre que dire « je t’aime » était une compromission ?

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MC Jaume
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