Arrière Saison

Arrière Saison (pour les Impromptus Littéraires)

Au commencement, ce ne furent que quelques chutes de neige, très haut, un simple voile balayé par la première éclaircie venue.

Et puis, le soleil a baissé sur l’horizon, jour après jour, et le voile est resté, s’épaississant peu à peu, et les chamois sont descendus un peu plus bas compléter leurs réserves, les marmottes se sont enfoncées plus profondément dans leurs terriers, et nombre d’oiseaux sont partis vers le sud.

Et le silence a étendu son empire.

Peu à peu, les ruisseaux se sont tus, le gel resserrant son étreinte jusqu’à figer les bédières d’abord, puis les torrents alimentés par une fonte de plus en plus réduite, allant jusqu’à réduire au silence ces cascades bouillonnantes qui enthousiasmaient Miss Brevoort et son révérend de neveu.

Le silence.

Plus de claquement de voile au gré des flux d’air, de grincement de vélo, plus de respiration bruyante de randonneur surchargé, ni de tintinnabulement d’alpinistes partant à l’assaut des parois maintenant festonnées de givre.

Le silence ?

N’est-ce point le crissement, cri d’agonie de la délicate structure de la terre givrée qui cède sous une semelle, puis une autre ? Un pas timide, hésitant parfois, contemplatif souvent, comme devant une fleur séchée conservée dans son écrin de glace.

Une gorgée d’eau et je repartirai chérissant ce souvenir précieux de l’hiver qui, indifférent au calendrier, est déjà là.

Je suis seul dans le vallon de Lanchâtra, et je laisse mes doigts courir sur le schiste froid, tandis que la réunion ronronne, et que le bavardage m’ennuie. Je rêve au silence de l’arrière saison dans l’Oisans redevenu sauvage, loin, si loin d’ici, et de cette matrice de conformité des livrables contractuels.

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 Margaret Claudia Brevoort entourée, de gauche à droite, du guide Christian Almer de son fils Ulrich Almer et du neveu de Miss Brevoort, un certain William A. B. Coolidge, révérend de son état.