Sept mots pour la rentrée

Thème impromptus de la semaine, sept mots (Orion, GPS, sensualité, professeur, agenda, tong) à caser dans un texte. Je ne suis pas allé chercher l'inspiration bien loin, et les initiés auront reconnu l'euphorie qui suit l'ascension de Bovines.

[edit] : ceux qui savent compter auront bien vu qu'il n'y avait que six mots dans la liste. J'avais oublié "abricot" en la recopiant dans mon cahier. La preuve avec le manuscrit dans l'album.

7 mots pour la rentrée.

Pied gauche, bâton droit.

Pied droit, bâton gauche.

Bientôt douze heures que ça dure.

Pied gauche, bâton droit.

Pied droit, bâton gauche.

Il fait nuit noire, le sentier souple étouffe le bruit de mes pas, tout juste un chuintement mouillé lorsque je traverse un coin de tourbe un peu plus humide. Serais-je en tongs le claquement du plastique sur la plante des pieds serait plus sonore, mais voilà : en tongs, je ne serais pas là, à minuit passé, à deux mille mètres d’altitude, à m’efforcer d’avancer le plus vite possible.

Les étoiles brillent, mais Orion ne doit pas être visible en cette fin août. Il fait frais, je suis venu à bout de la troisième grosse difficulté de cette course qui figure dans mon agenda depuis des mois.

Je jubile, en fait. Alors que l’image de ce sport dans l’opinion est celle de fous furieux masochistes se complaisant dans les affres de l’agonie, je suis là, à savourer la sensualité de la nuit, si loin au-dessus de la mer, bien au-dessus des lumières de Martigny endormie, dans un autre monde…De temps en temps, le faisceau de mes lampes accroche une balise : c’est suffisant pour suivre un sentier par ailleurs évident : nul besoin de GPS sur ce balcon.

Je songe bien sur aux difficultés devant moi en grignotant nonchalant quelques abricots secs. Je sais que la montagne sais être un professeur impitoyable, qui n’hésite pas à matraquer ses leçons à coup de muscles tétanisés, de tendons enflammés et d’articulations douloureuses, mais peu m’importe : ici, au moins, je suis vivant.