Un sentiment de vacuité

Le thème Impromptus de cette semaine, à traiter en moins de 1500 signes. Ou ce qui ce passe dans un esprit embrumé en proie aux longs tourments d'un pavé en agnlais lu pied au plancher en quelques heures...

«…All was well. »

Mon regard a traîné un instant sur cette dernière ligne, dans l’espoir informulé qu’une suite apparaisse comme par magie. Mais non, la page n’a pas bougé, et j’ai refermé le livre.

J’ai longuement massé mes yeux épuisés par des heures de lecture ininterrompue, les tempes douloureuses, l’esprit vidé par l’effort de ces six cent et quelques pages.

La saga est donc terminée, ce coup-ci. En suis-je content ? Déçu par la perspective d’absence de perspectives, justement ? Je regarde le pavé posé sur la table, attendu sans impatience mais non sans curiosité, et je me sens un peu niais, de cet attachement puéril à un personnage de fiction. Maintenant, je sais qui meurt, qui vit et le comment du pourquoi tout en m’interrogeant, embarrassé, sur ce que cette histoire m’apporte. Pourquoi un tel effort, alors que le marque-page dans le dernier McInerney ne fait que des sauts de puce depuis des semaines ? Suis-je manipulé par un marketing particulièrement performant ? A moins que ce ne soit une petite victoire du rêveur sur cette sale engeance qu’est le principe de réalité, cet empêcheur de s’évader en rond, qui s’acharne à faire naître un sentiment de vacuité pour que je ne profite pas de quelques heures de plaisir ? 
Je m’étire et souris. Ne boudons pas notre plaisir…

Et le principe de réalité, vaincu, pleure…

Pour une fois.