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MC Jaume
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15 mars 2007

Deux yeux verts me regardaient

Je n'avais plus rien envoyé aux Impromptus Littéraires depuis de nombreuses semaines. Me revoici donc dans la danse avec cette petite histoire, pas vraiment autobiographique, bien que le félin ressemble à feue une bestiole de la famille, et que...hum.

Deux yeux verts me regardaient.
Depuis combien de temps au juste ? J’étais planté devant cet écran depuis des heures, et je venais tout juste de remarquer ces deux billes, fendues par un iris inquisiteur, l’une plantée dans une tache noire, l’autre dans une tache blanche. En dessous, il y avait cet espèce de trèfle noir entourant le nez et les longs poils blancs de la moustache qui semblaient frémir de contrariété.

« Kesta sale bête ? t’as eu à bouffer ! »

Ma petite sortie épidermique était pour la galerie. Je savais bien ce qui turlupinait mon chat, qui semblait prendre malin plaisir à jouer les mauvaises consciences. L’animal avait du percevoir confusément la vacuité de ce dimanche avait été consacré pour l’essentiel à l’élimination méthodique de hordes de mercenaires teigneux et vulgaires dans un « jeu de tir à la première personne », puis à une errance sans but ni enthousiasme dans les tréfonds les plus glauques de la blogosphère, un énorme bol de biscuits salés à portée de main.

Bref, le félin trouvait que je commençais à pousser la caricature du cyberdépendant un peu loin et me le faisait savoir.

Je pris un autre biscuit, m’enfonçant plus profond dans le fauteuil, laissant mon regard errer sans but dans la pièce, d’étagère en rayonnage, de rangée de livres en piles de disques, de boîtes archives, de chemises colorées de toutes matières débordant de coupures de journaux, notes, dessins, manuscrits perpétuellement en chantier…jusqu’à retomber sur le chat, qui n’avait pas bougé de sa place habituelle, sur une étagère entre un exemplaire de poche « Finnegan’s Wake » usé par les tentatives infructueuses mais obstinées de lecture et un coffret en cuir rempli de babioles, épinglettes diverses et pleines poignées de petites monnaies étrangères.

« t’as raison mon vieux, je me laisse aller… »

Le logiciel de messagerie se mit à clignoter. Comme par désœuvrement, je m’intéressai au dernier courriel, que j’accueillis avec un ricanement désabusé.

« tiens, tu vois… » non, le chat ne voyait pas mais semblait écouter attentivement.  «  deux mois que je n’ai plus rien envoyé. Ce n’est pas faute de noter le thème chaque semaine, mais que veux-tu, rien ne sort, pas d’idées, et pas non plus le courage de me creuser la tête pour en avoir… »
Silence. J’errai quelques instants dans le contenu de mon disque dur à la recherche de musique. Le chat sembla approuver le concerto pour violon de Tchaïkovski.
Je revins au message.
Puis au chat.

« Deux yeux verts me regardaient… »

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MC Jaume
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