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MC Jaume
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19 juin 2006

Dans les nuages

logosang1Coïtus Impromptus de la semaine. A lire au premier degré, en n'oubliant pas au passage l'Etablissement Français du Sang et le nécessaire soutien qu'il requiert sous forme de matière première, même si certains jours, il y a des activités plus agréables.

Dans les nuages.

Je ferme les yeux, m’efforce de regarder ailleurs, d’oublier ce camion garé en bord de Seine, de me fermer à la circulation sur les quatre voies de l’autre côté de la haie, aux vapeurs d’essence, odeurs de diesel....

J’attends, la pointe de douleur lorsque l’aiguille va traverser la peau, faire son chemin jusqu’à la veine au creux du bras. Je sens venir, m’efforce de me détendre, de ventiler correctement.

Le froid du coton imbibé d’antiseptique, une application, deux applications. Les adhésifs en batterie. C’est rapide, mes veines sont faciles à trouver. L’infirmière fixe le tube à mon avant bras. Surtout ne pas le regarder, ne pas prendre garde au bruit léger du moteur de l’agitateur, en contrebas du fauteuil. Je me concentre sur un prospectus, pendant que la douleur s’estompe et que je me détends peu à peu. Le camion est désert, je discute de riens avec l’infirmière tandis que son collègue, dehors, harangue les passants qui s’en vont d’un pas alerte vers les restaurants proches. De la fenêtre, je guette des visages connus, collègues, voisins d’étage. Ceux qui pressent le pas, plus ou moins embarrassés. Je jette un regard rapide au tuyau en plastique qui file sous la compresse, devine le flux rouge sombre. Je suis fier de moi, pour l’instant, même si je trouve le temps un peu long. Je n’ai pas pris garde à l’heure. Je plane un peu à vrai dire. Je me sonde. Oui, non ? Vais-je perpétuer la tradition du malaise vagal lors d’un don de sang ? J’en ferais bien l’économie, me dis-je alors que l’infirmière débranche enfin son installation.

Je surveille ma respiration. Ventiler, ventiler, bon sang….l’interjection me fait sourire. C’était l’erreur, un mouvement trop brusque, et le fauteuil qui prend l’air. Il n’y a plus vraiment de camion, ou alors un génie facétieux l’a posé sur l’eau. Oui, c’est sûrement ça, nous sommes sur la Seine, dans le sillage de cette péniche qui sort de l’écluse. Tangage, roulis, tout y est. Lutter ne sert à rien, il n’y a qu’à attendre, laisser la dame en blanc basculer le fauteuil, pieds en l’air, et attendre que les sens se calme et que la conscience revienne de son petit voyage dans les nuages.

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MC Jaume
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