Le miel de la vie

Livraison Coïtus Impromptus de la semaine. Et dans la continuité de l'initiative d'hier, le manuscrit dans l'album (ici)

Le miel de la vie

Des échos de fête. Bruit d’un bouchon qui saute, libération dans des gobelets en plastique d’un liquide prohibé par le règlement intérieur. Mais un Directeur tient la bouteille, alors…Je n’ai pas même cherché à comprendre ce qui se fête. D’ailleurs, je ne suis pas vraiment concerné. Dans mon coin, j’écris. Personne ne songe à moi. On rit, on plaisante, on s’interpelle.
C’est le printemps. Il fait soleil, la lumière inonde mon bureau, me gêne. Mes yeux larmoient, j’ai mal à la tête.
Je chercherais volontiers l’ombre. C’est le signe.
Le printemps est là lorsque je commence à rechercher l’ombre.
Les rires fusent, le niveau sonore de l’autre côté de la salle augmente, indicateur infalsifiable de l’alcoolémie des fêtards. Mes mâchoires serrées sur ma frustration me font mal.

« L’ami qui soigne et guérit » coule à flot, là bas.

J’agrippe mon fauteuil, pour ne pas bouger.
Un regard circulaire sur mes affaires. Ranger le portable, la trousse, le cahier. Enfiler la parka, sortir ?
Me complaire dans le fiel de la vie, dans ce bureau paysager ou ma voisine, un verre à la main, est revenue éructer au téléphone, ou bien ?

C’est le printemps.

Je relâche la tension dans mes épaules. Je me tourne vers les baies vitrées, recule mon fauteuil d’une poussée et relève un peu le store. Dans la vue dégagée, sur le remblai d’un chantier, quelques herbes folles, et peut-être la tache de couleur de quelque fleur ? Je balaie du regard l’alignement de tables, d’écrans. Un sourire, presque malgré moi.
Je crois que je vais aller vérifier cette histoire de fleur. Quelque chose à butiner, forcément, sinon, d’où viendrait le miel de la vie ?

PS : Qui parvient à déchiffrer le manuscrit se rendra compte que j'ai retourné ma veste à la frappe, pour passer d'un ton dépressif à un air de rébellion optimiste...

Comments

[lully]

bravo!