La dynamique des verres à pied
Elle a mis la version de 1981 des Variations Goldberg par Gould, puis s’est installée derrière le comptoir de la cuisine pour les premiers préparatifs du repas dominical. Auparavant, j’avais surveillé la cafetière, pris deux tasses dans le vaisselier que j’avais soigneusement remplies des quantités traditionnelles de liquide.
Comme d’habitude, j’avais goûté au contenu de la mienne, une gorgée déraisonnablement brûlante qui dégageait des volutes de vapeur venant se condenser sur le verre de mes lunettes.
A travers la buée, je m’étais laissé aller à rêver devant les verres suspendus par leur pied, un véritable bonheur de physicien : interrogeant l’équilibre des forces pour deviner les chances que l’un deux posé au hasard demeure droit, je poursuivais en songeant à un liquidide doré s’y mouvant. L’oscillation de la masse, les tensions de surface et la conjonction de la viscosité avec les imperfection du verre…
Voire, songer à l’effet des molécules aromatiques sur le spectre d’un Beaumes de Venise…
Et quand la buée se dissipait, dans un sourire, songer à l’infine richesse de la dynamique des verres à pied…
Une petite livraison pour Coïtus Impromptus, dont le thème est dans le titre...(et le manuscrit est là)